dimanche 7 décembre 2014

La Révolution française : l'avènement de la République

La prise des Tuileries sonne le glas du régime monarchique. La constitution de 1791 ne peut plus s'appliquer sans roi, il faut en rédiger une nouvelle. L'Assemblée législative n'a plus de raison d'être : une Convention est alors créée. La Commune insurrectionnelle créée le 10 août impose son pouvoir à l'Assemblée. Six ministres forment l'exécutif avec Danton à la justice. La nouvelle constitution, rédigée en janvier 1793 est adoptée en juin, mais suspendue, en raison du contexte, jusqu'à la paix.
Au début du mois de septembre, plusieurs centaines de prisonniers sont massacrés par les fédérés, les sans-culottes et la garde nationale. Ce sont les massacres de septembre.
Gravure sur le massacre à l'abbaye de Saint-Germain des Prés, 2 septembre 1792
En effet, à l'extérieur, les Girondins qui s'étaient prononcés en faveur de la guerre voient enfin leur première victoire à Valmy le 20 septembre 1792. Ce seront les hommes forts du nouveau régime. La France va faire face à plusieurs coalitions des pays européens.
Valmy, Jean-Baptiste Mauzaisse
Le lendemain de la victoire, La Première république est proclamée. Les premières arrestations ont lieu (suspects, aristocrates, prêtres réfractaires...) et préparent la Terreur mise en place à partir du printemps 1793. En parallèle, la Vendée, présente depuis 1791, s'arme et s'organise de plus en plus autour de généraux et forment un important groupe de contre-révolutionnaires à l'intérieur du pays.
Louis XVI n'est plus le roi depuis le 10 août 1792. Un procès est organisé en décembre qui mène à sa condamnation à  mort. Il est exécuté le 21 janvier 1793, place de la Révolution (la Concorde aujourd'hui). 
Exécution de Louis XVI, place de la Révolution, le 21 janvier 1793
Cette exécution entraîne la mobilisation des pays européens contre la France car ils voient leur régime menacé. La Vendée se soulève également. La France mobilise 300 000 hommes pour contrer les coalisés.
Face à cette double menace, intérieure et extérieure, la Convention décide de prendre des mesures d'exception. A l'Assemblée, les Girondins sont méfiants vis-à-vis du peuple de Paris, tandis que les Montagnards sont soutenus par les sans-culottes. Sous la pression de ces derniers, les Girondins sont arrêtés le 2 juin 1793, ce qui entraîne une insurrection fédéraliste dans certains départements.
Les Montagnards sont alors aux commandes du pouvoir. Ils mettent en place une dictature (la Terreur) pour sauver la République en danger. Un Comité de salut public et un Comité de sûreté générale sont créés. Ils vont prendre des mesures d'exception sur les plans politique (loi des suspects), économique (loi du Maximum) et militaire (Terreur aux armées). Le calendrier est modifié pour enlever toute trace de l'Eglise. Afin de combler le vide laissé par la déchristianisation progressive du pays, Robespierre instaure en 1794 la Fête de l'Etre suprême au Champ de Mars.
Fête de l'Etre suprême au Champ de Mars, le 20 prairial an II (8 juin 1794), P-A. Demarchy
Les révolutionnaires remportent des victoires décisives face aux menaces intérieures et extérieures. La République est sauvée en décembre 1793 : faut-il alors poursuivre ou arrêter ce régime d'exception?
Les Enragés menés par Hébert envisagent de la prolonger et de la renforcer. De l'autre côté, Les Indulgents menés par Danton et Desmoulins souhaitent l'arrêt de la Terreur.
Robespierre fait alors successivement éliminer les chefs des deux factions. Isolé, il est arrêté le 27 juillet 1794 (9 Thermidor an II) puis exécuté le lendemain par les modérés de l'Assemblée (La Plaine ou les Thermidoriens) qui se sentent menacés après un discours maladroit prononcé le 8. Saint-Just et d'autres partisans sont guillotinés avec lui place de la Concorde, c'est la fin de la Convention montagnarde. Le bilan de la Terreur est lourd, puisqu'on estime à 40 000 personnes condamnées à mort ou exécutées et 200 000 victimes de la guerre civile (Vendée surtout).
Les Thermidoriens rédigent alors une nouvelle constitution qui impose le suffrage censitaire pour se protéger d'une menace des sans-culottes et affirme la propriété comme base de la société.
La bourgeoisie reprend les commandes du pouvoir est instaure le Directoire qui donne le pouvoir exécutif à cinq directeurs (par peur d'une dictature) et à deux assemblées. Le régime, faible et en proie à la corruption, se trouve menacé à droite par les royalistes revenus après la Terreur et à gauche les Jacobins qui se regroupent (conjuration des Egaux de Gracchus Babeuf). Il a besoin de généraux comme Napoléon Bonaparte pour se maintenir. De plus, une nouvelle coalition menace la République.
Avec l'aide de deux directeurs, Bonaparte fomente un coup d'état et prend le pouvoir le 18 Brumaire (9 novembre 1799). 
Le coup d'Etat du 18 Brumaire, François Bouchot
"Citoyens, la Révolution est fixée aux principes qui l'ont commencée, elle est finie".
C'est par ces mots que Bonaparte prononce la fin du Directoire et de la Révolution. Il sera l'homme fort des quinze années suivantes, sous le consulat puis l'Empire

mardi 25 novembre 2014

La Révolution française : la chute de la royauté (1791-1792)

La période qui s'étend de 1791 à 1792 représente une période clé de la Révolution française. En 1791, la constitution établie par l'Assemblée installe une monarchie constitutionnelle qui garantie les libertés fondamentales et pose comme principes la souveraineté de la nation et la séparation des pouvoirs : le roi des Français a le pouvoir exécutif avec droit de veto, l'assemblée législative est élue pour deux ans. La bourgeoisie libérale qui domine cette première phase de la Révolution se méfie du peuple est instaure alors un suffrage censitaire.
Cette année est aussi celle de la crise, crise de confiance en la personne du roi. Personne n'est dupe de sa fuite interrompue à Varennes le 20 juin 1791 et personne ne croira à la thèse de l'enlèvement donnée par La Fayette et votée par l'Assemblée. Le double-jeu de Louis XVI se dessine.
Retour du roi à Paris après la fuite à Varennes, le 25 juin 1791
Le peu de crédit dont il jouissait s'envole ce jour-là et c'est devant une foule silencieuse qu'il regagnera Paris sous bonne garde. Les députés sont divisés, certains veulent encore sauver la monarchie tandis que d'autres pensent qu'une République doit être le nouveau régime pour la France. En effet, comment maintenir une monarchie parlementaire si le roi est un traître? 
Certains membres des Cordeliers se réunissent alors pour réclamer une République. Cette manifestation sera durement réprimée : c'est la fusillade du Champ de Mars le 17 juillet qui cristallise les positions et oblige certains membres du club des Cordeliers à fuir Paris (Marat, Danton, Desmoulins...).
A partir de là, Louis XVI pratique la politique du pire. En avril 1792, il suit les demandes des Girondins qui dominent les débats à l'assemblée et souhaitent étendre la Révolution hors des frontières. La guerre est déclarée le 20.
Derrière cette idée, il espère une défaite de la France, mal préparée (ses généraux, pour la plupart nobles, ont émigré), perdra le conflit et que les Autrichiens, aidés des émigrés, l'aideront à retrouver son pouvoir. La guerre devient inévitable. 
Les premiers combats sont des revers français. Le général Dillon sera même massacré par ses troupes qui ne comprennent pas qu'il se soit replié.
C'est à ce moment que Rouget de Lisle compose le chant pour l'armée du roi : "la Marseillaise".
Rouget de Lisle
Le 20 juin 1792, le peuple envahit les Tuileries et demande au roi de retirer son veto. La Garde nationale vient disperser les révolutionnaires. Le roi campe sur ses positions. Une partie de la Garde lui est encore favorable.
Le manifeste du duc de Brunswick, général en chef de l'armée prussienne, qui menace de détruire Paris si il est fait du mal à la famille royale, met le feu aux poudres. Au lieu de provoquer la peur, c'est la colère qui se manifeste car elle dévoile le double-jeu du roi.
La prise du Palais des Tuileries, le 10 août 1792, Jacques Bertaux, 1793.
Le 10 août, une commune insurrectionnelle est créée et prend le pouvoir à Paris (Hébert). Les sans-culottes et les fédérés gagnent les Tuileries. Une partie de la garde nationale les rejoint. Les Tuileries sont prises par les révolutionnaires, le roi se réfugie à l'Assemblée, c'est la fin de la monarchie.

samedi 8 novembre 2014

La Révolution française : 1790, le temps des réformes


L'année 1790 de la Révolution ne voit pas autant d'événements que l'été et l'automne 1789. Toutefois, certaines décisions vont avoir une influence majeure sur le déroulement de la Révolution.
Le vote de la constitution civile du clergé le 12 juillet 1790 annule le Concordat de Bologne (1516) et divise le clergé en prêtres "jureurs" et "réfractaires". Le pape condamne sévèrement ce choix, marquant le schisme avec l'Eglise qui ne sera réglé qu'en 1802 par le Concordat signé par Napoléon Bonaparte et Pie VII. Plusieurs prêtres réfractaires vont fuir le pays.

Gravure représentant Camus, Talleyrand, Rabaut Saint-Etienne et la Religion (cliché BNF)
La Fête de la fédération doit apaiser les tensions. Elle devient, pour peu de temps, le moment fort de la nation rassemblée autour de son roi. La Fayette est le héros de cette journée où Louis XVI se présente officiellement devant 14 000 fédérés et la nation, prêter serment à la nouvelle constitution.
La fête de la Fédération, le 14 juillet 1790
Une monarchie qui se veut constitutionnelle, c'est la tâche de la Constituante qui souhaite simplifier l'organisation administrative de la France en découpant le territoire en 83 département depuis le 15 janvier 1790. Un découpage qui ne s'est pas fait sans querelles entre les aristocrates et les patriotes.
Certaines villes en sortent gagnantes, d'autres voient leurs rôles amoindris, comme Rennes qui, de capitale de la Bretagne devient chef-lieu du département d'Ille-et-Vilaine.
Carte de la Bretagne avec cinq départements en 1790
L'Etat fait aussi face à important déficit. Afin de trouver rapidement de l'argent, il crée les assignats. Ces bons sont échangeables contre les biens du clergé nationalisés depuis novembre 1789. Cette monnaie papier (seconde expérience française de papier-monnaie après le système de Law) se dévalue très rapidement et entraîne une inflation sans combler le déficit.
Assignat de 15 sols, an IV
En 1790, la France doit s'adapter à une nouvelle donne. Le système est en train de changer. Le pays doit se réformer. La justice est rénovée, les pouvoirs sont séparés et redistribués. L'organisation sociale a aussi changé depuis l'abolition des privilèges. Les impôts, appelés contributions, sont révisés. L'Eglise de France a, elle aussi, été réformée.
Ce nouveau cadre de vie entraîne des mécontentements et des affrontements, des désordres économiques que l'Etat a du mal à régler.