mardi 25 novembre 2014

La Révolution française : la chute de la royauté (1791-1792)

La période qui s'étend de 1791 à 1792 représente une période clé de la Révolution française. En 1791, la constitution établie par l'Assemblée installe une monarchie constitutionnelle qui garantie les libertés fondamentales et pose comme principes la souveraineté de la nation et la séparation des pouvoirs : le roi des Français a le pouvoir exécutif avec droit de veto, l'assemblée législative est élue pour deux ans. La bourgeoisie libérale qui domine cette première phase de la Révolution se méfie du peuple est instaure alors un suffrage censitaire.
Cette année est aussi celle de la crise, crise de confiance en la personne du roi. Personne n'est dupe de sa fuite interrompue à Varennes le 20 juin 1791 et personne ne croira à la thèse de l'enlèvement donnée par La Fayette et votée par l'Assemblée. Le double-jeu de Louis XVI se dessine.
Retour du roi à Paris après la fuite à Varennes, le 25 juin 1791
Le peu de crédit dont il jouissait s'envole ce jour-là et c'est devant une foule silencieuse qu'il regagnera Paris sous bonne garde. Les députés sont divisés, certains veulent encore sauver la monarchie tandis que d'autres pensent qu'une République doit être le nouveau régime pour la France. En effet, comment maintenir une monarchie parlementaire si le roi est un traître? 
Certains membres des Cordeliers se réunissent alors pour réclamer une République. Cette manifestation sera durement réprimée : c'est la fusillade du Champ de Mars le 17 juillet qui cristallise les positions et oblige certains membres du club des Cordeliers à fuir Paris (Marat, Danton, Desmoulins...).
A partir de là, Louis XVI pratique la politique du pire. En avril 1792, il suit les demandes des Girondins qui dominent les débats à l'assemblée et souhaitent étendre la Révolution hors des frontières. La guerre est déclarée le 20.
Derrière cette idée, il espère une défaite de la France, mal préparée (ses généraux, pour la plupart nobles, ont émigré), perdra le conflit et que les Autrichiens, aidés des émigrés, l'aideront à retrouver son pouvoir. La guerre devient inévitable. 
Les premiers combats sont des revers français. Le général Dillon sera même massacré par ses troupes qui ne comprennent pas qu'il se soit replié.
C'est à ce moment que Rouget de Lisle compose le chant pour l'armée du roi : "la Marseillaise".
Rouget de Lisle
Le 20 juin 1792, le peuple envahit les Tuileries et demande au roi de retirer son veto. La Garde nationale vient disperser les révolutionnaires. Le roi campe sur ses positions. Une partie de la Garde lui est encore favorable.
Le manifeste du duc de Brunswick, général en chef de l'armée prussienne, qui menace de détruire Paris si il est fait du mal à la famille royale, met le feu aux poudres. Au lieu de provoquer la peur, c'est la colère qui se manifeste car elle dévoile le double-jeu du roi.
La prise du Palais des Tuileries, le 10 août 1792, Jacques Bertaux, 1793.
Le 10 août, une commune insurrectionnelle est créée et prend le pouvoir à Paris (Hébert). Les sans-culottes et les fédérés gagnent les Tuileries. Une partie de la garde nationale les rejoint. Les Tuileries sont prises par les révolutionnaires, le roi se réfugie à l'Assemblée, c'est la fin de la monarchie.

samedi 8 novembre 2014

La Révolution française : 1790, le temps des réformes


L'année 1790 de la Révolution ne voit pas autant d'événements que l'été et l'automne 1789. Toutefois, certaines décisions vont avoir une influence majeure sur le déroulement de la Révolution.
Le vote de la constitution civile du clergé le 12 juillet 1790 annule le Concordat de Bologne (1516) et divise le clergé en prêtres "jureurs" et "réfractaires". Le pape condamne sévèrement ce choix, marquant le schisme avec l'Eglise qui ne sera réglé qu'en 1802 par le Concordat signé par Napoléon Bonaparte et Pie VII. Plusieurs prêtres réfractaires vont fuir le pays.

Gravure représentant Camus, Talleyrand, Rabaut Saint-Etienne et la Religion (cliché BNF)
La Fête de la fédération doit apaiser les tensions. Elle devient, pour peu de temps, le moment fort de la nation rassemblée autour de son roi. La Fayette est le héros de cette journée où Louis XVI se présente officiellement devant 14 000 fédérés et la nation, prêter serment à la nouvelle constitution.
La fête de la Fédération, le 14 juillet 1790
Une monarchie qui se veut constitutionnelle, c'est la tâche de la Constituante qui souhaite simplifier l'organisation administrative de la France en découpant le territoire en 83 département depuis le 15 janvier 1790. Un découpage qui ne s'est pas fait sans querelles entre les aristocrates et les patriotes.
Certaines villes en sortent gagnantes, d'autres voient leurs rôles amoindris, comme Rennes qui, de capitale de la Bretagne devient chef-lieu du département d'Ille-et-Vilaine.
Carte de la Bretagne avec cinq départements en 1790
L'Etat fait aussi face à important déficit. Afin de trouver rapidement de l'argent, il crée les assignats. Ces bons sont échangeables contre les biens du clergé nationalisés depuis novembre 1789. Cette monnaie papier (seconde expérience française de papier-monnaie après le système de Law) se dévalue très rapidement et entraîne une inflation sans combler le déficit.
Assignat de 15 sols, an IV
En 1790, la France doit s'adapter à une nouvelle donne. Le système est en train de changer. Le pays doit se réformer. La justice est rénovée, les pouvoirs sont séparés et redistribués. L'organisation sociale a aussi changé depuis l'abolition des privilèges. Les impôts, appelés contributions, sont révisés. L'Eglise de France a, elle aussi, été réformée.
Ce nouveau cadre de vie entraîne des mécontentements et des affrontements, des désordres économiques que l'Etat a du mal à régler.