dimanche 13 octobre 2013

Versailles

Louis XIV découvre le domaine de Versailles à 12 ans. S'il est connu pour avoir été un très bon danseur, il partageait également la même passion que ses père et grand-père pour la chasse. En 1661, alors qu'il règne seul sur la France, il décide d'agrandir le château de brique de son père et d'aménager un grand jardin sur ce qui n'est alors qu'un vaste marécage.


Magazine pédagogique sur les jardins de Versailles

A cette date, Versailles n'est en effet qu'un "modeste" pavillon de chasse en U construit par Louis XIII. Sans doute en souvenir de son père mais aussi pour affirmer la continuité dynastique, Louis XIV décide de conserver à tout prix le château en l'agrandissant. A partir de là, Versailles va connaître de nombreuses transformations.

Petite vidéo qui montre l'évolution du Palais


Louis XIV fait appel à la même équipe ayant travaillé pour Nicolas Fouquet, le surintendant des Finances déchu. Louis Le Vau, puis Jules-Hardouin Mansart, se chargent des plans du bâtiment, André Le Nôtre des jardins, et Charles Le Brun, du décor.

Versailles devient un immense chantier, long et cher, où plus de 36 000 ouvriers travaillent dans des conditions difficiles, rapporte un témoin en 1685. Nombreux sont ceux qui, mal payés et mal logés, meurent d'épuisement ou de maladies.

Le château de Versailles en 1668, Pierre Patel, Château de Versailles


Versailles est un symbole de pouvoir mais aussi un lieu de fête : on y entend la musique de Lully, les pièces de Molière sous un concert de feux d'artifices, devant des centaines de courtisans.

Ces derniers y sont véritablement domestiqués. Le roi a le souvenir de La Fronde (1648-1653) menée par les parlements et les grandes familles de la noblesse durant sa minorité. Il se rappelle comment il a du quitter Paris et comment sa vie était en danger. C'est pour éviter que cela ne se reproduise qu'il "invite" la noblesse à Versailles et impose une étiquette stricte.
En 1682, Louis XIV fixe le gouvernement à Versailles.  Les 6 000 nobles qui y résident  n'attendent que d'être remarqués du roi, d'obtenir de lui des faveurs.

A partir de 1679, J-H. Mansart modifie le château dans une deuxième grande campagne de travaux. Il place notamment une grande galerie sur la terrasse de Le Vau, finalement peu commode pour la région.

Versailles, la galerie des Glaces

 A partir de 1701, la chambre du roi est placée au centre du château, le roi est au centre du monde, le soleil éclaire le monde de ses rayons. A partir de cet endroit, tout est ritualisé, du lever au coucher du roi en passant par les repas.

Versailles exerce une grande fascination sur l'ensemble de l'aristocratie en Europe car aucun ensemble (Palais, jardins et ville) n'exprime mieux le régime, le pouvoir du roi, monarque absolu de droit divin. L'architecture traduit ainsi à merveille le projet politique. De nombreux aristocrates et souverains vont par la suite copier l'architecture du château pour montrer leur pouvoir à travers la pierre et cela jusqu'au XIXe siècle, comme le château d'Herrenchiemsee construit par Louis II de Bavière.


jeudi 3 octobre 2013

Architecture et pouvoir XVIe-XVIIIe s


Comme nous l'avons évoqué en classe, la Renaissance est mouvement qui apparaît aux XVe et XVIe siècles. Elle se développe dans les grandes villes de la péninsule (Florence, Urbin, Rome et Venise). Elle se caractérise par une nouvelle vision de l'homme, placé au centre des préoccupations, et la redécouverte de l'Antiquité. C'est à partir de la Renaissance que se fonde l'Europe moderne avec une pensée rationaliste.

 Carte de la Renaissance en Europe



Au sein de ce mouvement, l'Humanisme met en valeur l'homme et revient sur les textes antiques. Ces derniers sont traduits en langues vernaculaires, comme la Bible. L'imprimerie, mise au point par Jean Gutenberg (un Allemand) vers 1455, permet de diffuser les textes et les idées des humanistes. 


Didier Erasme (1469-1536), surnommé le "Prince des humanistes", est sans doute le personnage qui symbolise le mieux ce mouvement intellectuel européen par ses multiples voyages (un programme d'échange d'étudiants européens porte aujourd'hui son nom).
 
Didier Erasme, par Holbein le jeune

Le XVIe siècle est ainsi un siècle de bouillonnement intellectuel, artistique, religieux, scientifique.

Dans le domaine de l'art, les changements sont nombreux. La mode n'est plus au "gothique" (bien qu'il se retrouve encore durant tout le XVIe siècle en France, comme le montre la flèche nord de la cathédrale de Chartres). Le mot "gothique" se retrouve sous la plume du premier historien de l'art, Giorgio Vasari (1511-1574) pour désigner la période qui précède cette Renaissance, où régnait un art barabare, en référence au sac de Rome par ce peuple.
En architecture, le précurseur de la Renaissance est Filippo Brunelleschi avec le Dôme de Sainte-Marie-des-Fleurs à Florence, érigé dans la première moitié du XVe siècle. 

 Le Duomo de Santa Maria del Fiore, Filippo Brunelleschi

La bible de l'architecture de la Renaissance est le traité de Vitruve De architectura rédigé au premier siècle avant J-C. qui définit notamment les ordres (dorique, ionique, corinthien et un peu le toscan) qui seront fondamentaux dans l'architecture occidentale, sans doute jusqu'au milieu du XXe siècle.

A cette époque l'artiste dispose d'un meilleur statut dans la société. Il est souvent protégé par des mécènes qui favorisent ainsi la création. François Ier attire de nombreux artistes italiens en France après les premières guerres d'Italie, comme Leonard de Vinci qui emmène avec lui la Joconde.

François Ier, roi de France (1515-1547), par Jean Clouet, Musée du Louvre



La venue des artistes italiens amène donc l'italianisme en France. Cette Renaissance française est influencée par l'Antiquité, mais aussi par la tradition nationale. C'est le cas du château de Chambord (voir billet sur la monarchie absolue), œuvre unique, ou encore de celui de Blois, dont l'escalier en vis est célèbre, mais aussi ceux de Bury (disparu), Azay-le-rideau ou Chenonceau (surnommé le château des Dames), pour le Val de Loire. En Ile-de-France, plusieurs châteaux adoptent également ces formes comme Fontainebleau, célèbre pour son décor.


 Château de Chenonceau

Cette architecture n'aurait pu voir le jour sans les princes et mécènes qui ont invité les artistes et architectes à œuvrer en proposant de nouvelles formes. Certes, l'architecte apporte son érudition, sa citation, mais le commanditaire a le dernier mot sur le projet.