samedi 29 août 2015

La mort de Louis XIV

La commémoration d'événements importants de notre histoire est aujourd'hui inévitable. Il est possible de le voir sur Internet bien sûr, mais aussi dans les manifestations et les étals des librairies où les publications relatives à la Première Guerre mondiale (centenaire) ou à Napoléon (Bicentenaire) sont légions. Aujourd'hui, il s'agit d'un tricentenaire avec la mort de Louis XIV, mort de la gangrène après de longs jours d'agonie, comme son ami Lully 28 ans plus tôt qui célébrait alors la guérison du roi après son opération d'une fistule. Le Château de Versailles a décidé de faire revivre cet événement par la création d'un site qui reprend les différentes étapes des journées qui ont précédées la mort du roi. Depuis le 10 août, le compte Twitter de l'institution informe de l'évolution de la santé du roi en temps réel avec 300 ans de décalage. L'initiative est tout a fait intéressante et se poursuivra jusqu'au premier septembre. Un Mooc sera alors lancé sur l'histoire de Louis XIV.

jeudi 5 février 2015

Les expériences politiques en France au XIXe siècle (2)

Louis-Napoléon Bonaparte est élu pour quatre ans président de la IIe République devant Cavaignac et Lamartine. Son mandat n'est pas renouvelable. La République qui s'installe apporte des réformes importantes, mais elle est aussi conservatrice et a perdu son crédit par la sanglante répression de juin. Bien que le suffrage universel soit instauré, elle se méfie du peuple qu'elle vient de réprimer. L'influence de l'Eglise est plus forte avec la loi Falloux (1850). De son côté, le président se détache habilement de toutes les mesures mises en place par l'Assemblée. Afin de se montrer populaire, il entreprend un tour de France pour se faire connaître dans les campagnes, comme en Bretagne, terre où il n'est pas sorti favori lors des élections de 1848.
La IIe République tente de limiter le droit de vote en 1851 pour affaiblir la gauche. L-N. Bonaparte, qui voit la fin de son mandat approcher, décide de prendre le pouvoir par la force en préparant un coup d'Etat le 2 décembre 1851, date anniversaire du sacre de son oncle (et de sa victoire à Austerlitz). 
Affiche pour le coup d'Etat de 1851
Un plébiscite confirmera l’installation de l'Empire un an plus tard et le règne de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie. Le Second Empire peut s'aborder en deux phases. Une première autoritaire où les libertés sont limitées (censure de la presse), et une autre, durant la dernière décennie, où l'Empire entame une phase plus libérale et où le pouvoir de l'Eglise recule.
Napoléon III, Franz Xaver Winterhalter, 1852
Il est difficile de résumé tout ce qui a été réalisé sous ce régime. En effet, le Second Empire est marqué par une phase importante de progrès économiques et de réformes. Dans l'ensemble, le niveau de vie des gens est meilleur, la presse est moins surveillée, ce qui favorise l'apparition de nouveaux journaux comme Le Petit Journal en 1863. 
Un traité favorisant la liberté des marchandises est ratifié en 1860, le système bancaire s'organise, le réseau ferroviaire s'étend, la colonisation est amorcée (Cambodge en 1863), le Canal de Suez est percé de 1859 à 1869 offrant une nouvelle route vers l'Orient. La France participe à l'unité italienne en contrepartie de Nice et de la Savoie. L'Empire se détache des catholiques (la question romaine).
Paris est restructuré, transformé, bouleversé. L'Empereur confie cette œuvre au préfet de la Seine Georges-Eugène Haussmann, associé à Jean-Charles Alphand pour les jardins. D'importants monuments sont érigés dans la capitale comme l'Opéra Garnier ou les halles Baltard, quartier dont Emile Zola dépeint la vie trépidante dans Le Ventre de Paris (1873), et qui sera la toile de fond du film Irma la Douce de Billy Wilder sorti en 1963.
En dépit de tous ces changements, il demeure un point faible. En effet, un pouvoir qui s'installe par la force peut voir sa légitimité contestée. Pourtant, rien ne laisse paraître la moindre difficulté lorsqu'un nouveau plébiscite est préparé en mai 1870, qui conforte l'Empire devançant alors tous ses espoirs. Ce résultat n'empêchera par le régime de Naopléon III de s'écrouler en 24 heures, au moment de la guerre franco-prussienne, après la défaite de Sedan, le 2 septembre 1870.

mardi 3 février 2015

Les expériences politiques en France au XIXe siècle (1)


Lorsque l'on n'est pas familier avec l'histoire de France, il est parfois déroutant de constater l'inconstance des régimes et des gouvernements au XIXe siècle. En effet, alors que les Etats-Unis conservent la même constitution depuis 1787, la France en compte quinze depuis celle de 1791. Les différents textes adoptés sous la Révolution (Cf. Infra) et sous le régime napoléonien ont été évoqués précédemment. 
En 1814, Louis XVIII devient le roi de France (et non "roi des Français", la nuance est importante). La Restauration est une monarchie constitutionnelle, mais le roi "octroie" la constitution. Il est en position de force. Les Cents-Jours vont modifier un peu cela. En effet, lorsque Louis XVIII revient en 1815, il est vu comme un roi "placé" par les puissances extérieures : sa légitimité n'est plus la même qu'un an plus tôt. Son pouvoir est important et le suffrage censitaire limite la participation aux plus aisés (en fait 1% de la population participe à la vie politique). Louis XVIII semble au départ garantir des acquis de la Révolution et de l'Empire (liberté de pensée, religion et presse), mais il limite ces libertés et rétablit la censure en 1815. Il gouverne avec le parti constitutionnel composé de royalistes modérés. (Notez que le peintre est déjà un peintre officiel sous l'Empire et présent sou la Révolution, comme d'autres. F. Gérard sera un véritable opportuniste).
Louis XVIII, roi de France et de Navarre, François Gérard, 1823
N'ayant pas de descendants, le pouvoir revient à son frère Charles X en 1824. Il conserve la Charte mais reprend les coutumes de l'Ancien régime (sacre à Reims) et gouverne avec les ultras et voit le retour du cléricalisme. Une série d'ordonnances liberticides vont entraîner une réaction de la population.

Eugène Delacroix, La liberté guidant le peuple, 1830
Les Trois Glorieuses (27, 28 et 29 juillet 1830) auront raison de son autorité. Louis-Philippe, cousin de Charles X, monte sur le trône. Il conserve la charte, pour cette Monarchie de Juillet, mais cette dernière émane de la nation et non plus du roi, le contrat est différent. Les libertés sont retrouvées (provisoirement), le drapeau tricolore accepté, et le pouvoir du parlement est renforcé. Cette révolution populaire (confisquée par la bourgeoisie) confie le pouvoir aux libéraux qui vont apporter un véritable projet de société par des réformes profondes (loi Guizot sur l'enseignement primaire en 1833), tandis que les infrastructures vont se développer grâce à la mise en oeuvre de la Charte des chemins de fer en 1842.
La Monarchie de Juillet est toutefois marquée par des antagonismes criant que l'on retrouve dans la société, mais aussi à l'école. La bourgeoisie (composée des libéraux doctrinaires) d'un côté qui obtient à la fois les pouvoir économiques et politiques et, de l'autre, le peuple, qui ne participe toujours pas aux décisions.
Louis-Philippe Ier, Franz Xaver Winterhalter, 1841, Versailles
 Le climat de la fin de la Monarchie de Juillet n'est pas bon. Des difficultés économiques apparaissent associées à des mauvaises récoltes. D'autre part, l'interdiction de réunion entraîne l'opposition politique à organiser des "banquets" afin de la contourner. Louis-Philippe interdit le banquet de Paris prévu le 22 février 1848 ce qui entraîne un soulèvement populaire. Deux jours plus tard, la capitale est couverte de barricades. Le ministre Guizot tombe et entraîne le roi dans sa chute.
La République est proclamée. Le suffrage universel masculin est mis en place : le nombre d'électeurs passe de 250 000 à 9 millions. Les premiers mois se déroulent dans un climat d'euphorie qu'accompagne la création des Ateliers nationaux. Ces derniers sont toutefois fermés au mois de juin 1848. Les ouvriers manifestent, mais leur soulèvement est réprimé dans le sang par le pouvoir qui envoie les troupes (Cavaignac). La répression est féroce : 5 000 morts, 1 500 insurgés sont fusillés sans procès et 15 000 sont emprisonnés ou déportés.
Des élections présidentielles sont organisés où Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier, est élu à 74% des suffrages grâce à l'appui du clergé, des conservateurs et de la campagne où le nom de Bonaparte est encore dans les mémoires.