dimanche 8 décembre 2013

La Révolution française : l'année 1789 (suite)

Nous reprenons la suite de cette année 1789 qui a bouleversé la France. La prise de la Bastille, le 14 juillet, est la première journée révolutionnaire. Cette date est commémorée par la République française depuis 1880, comme un symbole de la fin de monarchie absolue de droit divin, mais aussi comme symbole de l'union de tout un peuple, confirmé un an plus tard, le 14 juillet 1790.

Ce mouvement populaire gagne donc les campagnes et une "Grande Peur" s'installe. Les paysans se soulèvent et brûlent les titres de propriété des nobles. 

Afin d'enrayer cela, les représentants de l'Assemblée nationale constituante se réunissent dans la nuit du 4 août et décident d'abolir les privilèges. C'est la fin de la société d'Ancien Régime. Les corvées, les droits seigneuriaux sont abolies ainsi que la dîme de l'Eglise, mais pas les autres impôts.

http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/dudh/1789.asp 
La Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen

Le 26 août 1789, la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen est lue par le général de la Garde nationale La Fayette. Elle est inspirée de la déclaration de Virginie rédigée par George Mason et qui inspira un autre Virginien, Thomas Jefferson, pour le texte de la Déclaration d'Indépendance.
Le texte français met l'accent sur les droits des individus et de la nation. Le catholicisme n'est plus la religion d'Etat, le religieux est soumis au politique.

Les événements du mois d'octobre sont également décisifs à plusieurs titres. A cette date, il y a des divisions à l'Assemblée entre les "Monarchiens" et les "Patriotes" sur le choix de la constitution à adopter, le nombre de chambres, le veto du roi. Les modérés sont majoritaires.
Le 4, des émeutes éclatent dans la capitale en raison de la faim qui gagne la population. Le 5, les femmes marchent sur Versailles accompagnées de députés de l'Assemblée nationale. Le 6, Versailles est envahi par les émeutiers. 

Les femmes se dirigeant à Versailles, le 5 octobre 1789
 
A l'Assemblée, les opinions se radicalisent et les modérés sont balayés. Il y a une division qui s'opère entre la gauche et la droite du président de séance qui marque le clivage politique entre (pour résumer) un parti plutôt "conservateur" et un autre "progressiste".

Ces journées marquent le retour du roi à Paris, au Palais des Tuileries. Palais construit par Catherine de Médicis qui était déjà une résidence royale.

Le Palais et le jardin des Tuileries au milieu du XIXe siècle

 Cette année 1789 est ainsi une année décisive qui fait entrer la France en révolution. Il existe de nombreuses analogies avec la Révolution américaine, mais aussi des différences, notamment au niveau de la société, plus complexe en France.



lundi 2 décembre 2013

La Révolution française : l'année 1789


Cette année qui débute la Révolution française est riche en événements. Le calendrier est très serré. Ce ne sont plus des années ou des mois, mais des jours qui comptent désormais.

Bien entendu la Révolution n'arrive pas comme ça, sans causes, sans raisons. La misère que connaît le peule de France est longtemps mise en avant dans l'historiographie. Sans être mise de côte, cette thèse est toutefois nuancée par d'autres causes. Si les difficultés quotidienne touchent le peuple, la bourgeoisie, au contraire, s'enrichit et vient contester la noblesse qui reste crispée sur ses privilèges. Cette misère se double d'une crise économique et budgétaire.
L'Etat s'est fortement endetté depuis plusieurs années et l'aide apportée aux Insurgents de la guerre d'Indépendance n'a fait qu'accroître le déficit du royaume.

Louis XVI se trouve dans une impasse, ses tentatives de réformes échouent. Il doit convoquer les Etats généraux qui ont le pouvoir de lever des impôts exceptionnels pour pallier ces difficultés.

Cette réunion est préparée par la rédaction des cahiers de doléances. La rédaction de ces cahiers est le reflet des idées de l'époque, celles des Lumières, mais aussi des tentatives de réformes de Calonne, Loménie de Brienne ou encore Turgot. On y trouve parfois de véritables programmes de réformes. La préparation des Etats généraux donne lieu à des affrontements entre nobles et bourgeois en province, comme à Rennes par exemple.

http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=55&d=1&v=1789&w=1789
Les Etats généraux, le 5 mai 1789


Les Etats généraux, réunis le 5 mai 1789 dans la salle des Menus Plaisirs, regroupent 1154 députés. Ils sont un immense espoir de changement pour les élus du Tiers-état dont la désillusion est grande après le discours d'ouverture du roi. Les clivages sont déjà forts entre "patriotes" (le Tiers) et "aristocrates".

La Révolution juridique

Les élus du Tiers réalisent la révolution juridique au printemps 1789. Au mois de mai, les débats piétinent. Le 4 juin le dauphin meurt, la famille royale est endeuillée. Lors de la vérification des pouvoirs voulue par le Tiers, quelques curés les rejoignent. Le 17 juin, les députés du Tiers, qui se déclarent les représentant de 96 % de la nation, se déclarent Assemblée nationale. Les Etats généraux n'existent plus de fait.
La majorité du clergé se joint à cette assemblée, sauf quelques évêques et les nobles qui forment un front de refus.

Le roi ferme la salle des Menus plaisirs obligeant les députés refoulés à se réunir au Jeu de Paume où ils prêtent serment le 20 juin de ne pas se séparer avant d'avoir donné une constitution au pays. L'assemblée devient Assemblée nationale constituante trois semaines plus tard, le 7 juillet.

http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=215&d=11&v=1789&w=1789&id_sel=411 
Le Serment du jeu de Paume, Jacque-Louis David, 1791.


Le 23 juin, le roi refuse les délibération communes et le vote par tête voulu par l'Assemblée, mais le Tiers campe sur ses positions. Le roi a perdu l'initiative. Deux jours plus tard, tous les membres se joignent à l'Assemblée.

La Révolution populaire ou la France insurgée

Au début du mois de juillet, le peuple fait une arrivée brutale sur le devant de la scène. Les plus démunis sont en effervescence face à la cherté du pain. Il y a une perte de confiance dans le roi qui a réuni des troupes autour de la capitale, face à cette agitation. Le peuple se joint aux députés du Tiers contre les "aristos". La célèbre harangue de Camille Desmoulins au Palais royal se déroule durant ces journées de juillet.

Cela a pour conséquence la création d'une milice bourgeoise qui trouvent des armes aux Invalides et la poudre... à la Bastille.

http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=140&d=1&v=1789&w=1789
 La prise de la Bastille et arrestation du gouverneur de Launay
Le 14 juillet révèle la force du peuple de Paris. La prise de la Bastille est la prise d'un symbole de l'arbitraire royal où sont enfermés les personnes avec une lettre de cachet (même si ce procédé est finalement peu utilisé, le fait qu'il existe se suffit à lui-même). Une des conséquences est la fuite des premiers "émigrés", dont le frère du roi, le Comte d'Artois.
Après la prise de la Bastille, les provinces suivent l'exemple parisien avec un peu de retard.

(A suivre)

jeudi 21 novembre 2013

Les Lumières

Les Lumières sont un mouvement intellectuel du XVIIIe siècle qui touche l'ensemble de l'Europe et se caractérise par le triomphe de la raison.
Il trouve son origine dans les écrits d'intellectuels et de scientifiques anglais comme John Locke et Isaac Newton. 
Le XVIIIe s connaît de grandes avancées scientifiques dans les domaines de la physique de la chimie ou des mathématiques. 

Les philosophes observent tout à la lumière de la raison. Cet esprit critique amène une remise en cause de la monarchie absolue de droit divin. Le modèle anglais issu de la Glorieuse Révolution inspire les idées démocratiques de Rousseau (Le Contrat social, 1762) ou encore Montesquieu dans De l'Esprit des Lois, publié en 1748 à Amsterdam, où il propose le principe de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Néanmoins, il ne remet pas en cause le principe de la monarchie puisqu'il confie le pouvoir à un monarque.

Les philosophes défendent les principes de tolérance et se battent contre l'obscurantisme religieux. Voltaire apparait comme le champion de ces combats contre l'aveuglement de la justice dans l'affaire Calas ou encore dans sa lutte pour l'innocence du Chevalier de la Barre.
Quelques philosophes se rapprochent de despotes éclairés, comme Voltaire qui entretient une correspondance avec Catherine II de Russie. Frédéric II de Prusse apparait comme le despote éclairé par excellence. Il instaure des réformes guidées par la Raison, mais il est très vite confronté à de vives oppositions. Aussi les philosophes sont-ils souvent déçus par leur relation avec ces monarques absolus.

Les idées des lumières circulent dans l'ensemble de l'Europe grâce aux clubs, cafés, académies, loges maçonniques et les salons, comme celui de Madame Goeffrin.


http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=1258&d=1&q=16 
Le Salon de Madame Geoffrin en 1755, Gabriel Lemonnier, 1812, Château de Malmaison

L'Encyclopédie, ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers par une société des gens de lettres, est aussi un moyen de diffusion des idées des Lumières. dirigée par Diderot et d'Alembert, elle est publiée entre 1751 et 1772. Soumise à la censure royale, sa parution est parfois contrariée. Composée de 72 000 articles, elle se vend toutefois à plusieurs milliers d'exemplaires.

http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=1284&d=11&q=16&id_sel=2410 
Planche de l'Encyclopédie

Cette circulation, cette diffusion reste toutefois limitée. Seuls les plus fortunés avaient les ressources et la culture pour accéder à ce savoir et pour comprendre ces avancées décisives.


 Une vidéo sur les Lumières et les débuts de la Révolution française.

Héritières de l'Humanisme du XVIe siècle, les Lumières sont un formidable élan insufflant un vent de nouveauté et inspirant les Révolutions de la fin du siècle, la guerre d'Indépendance américaine, la Révolution batave et la Révolution française.

dimanche 13 octobre 2013

Versailles

Louis XIV découvre le domaine de Versailles à 12 ans. S'il est connu pour avoir été un très bon danseur, il partageait également la même passion que ses père et grand-père pour la chasse. En 1661, alors qu'il règne seul sur la France, il décide d'agrandir le château de brique de son père et d'aménager un grand jardin sur ce qui n'est alors qu'un vaste marécage.


Magazine pédagogique sur les jardins de Versailles

A cette date, Versailles n'est en effet qu'un "modeste" pavillon de chasse en U construit par Louis XIII. Sans doute en souvenir de son père mais aussi pour affirmer la continuité dynastique, Louis XIV décide de conserver à tout prix le château en l'agrandissant. A partir de là, Versailles va connaître de nombreuses transformations.

Petite vidéo qui montre l'évolution du Palais


Louis XIV fait appel à la même équipe ayant travaillé pour Nicolas Fouquet, le surintendant des Finances déchu. Louis Le Vau, puis Jules-Hardouin Mansart, se chargent des plans du bâtiment, André Le Nôtre des jardins, et Charles Le Brun, du décor.

Versailles devient un immense chantier, long et cher, où plus de 36 000 ouvriers travaillent dans des conditions difficiles, rapporte un témoin en 1685. Nombreux sont ceux qui, mal payés et mal logés, meurent d'épuisement ou de maladies.

Le château de Versailles en 1668, Pierre Patel, Château de Versailles


Versailles est un symbole de pouvoir mais aussi un lieu de fête : on y entend la musique de Lully, les pièces de Molière sous un concert de feux d'artifices, devant des centaines de courtisans.

Ces derniers y sont véritablement domestiqués. Le roi a le souvenir de La Fronde (1648-1653) menée par les parlements et les grandes familles de la noblesse durant sa minorité. Il se rappelle comment il a du quitter Paris et comment sa vie était en danger. C'est pour éviter que cela ne se reproduise qu'il "invite" la noblesse à Versailles et impose une étiquette stricte.
En 1682, Louis XIV fixe le gouvernement à Versailles.  Les 6 000 nobles qui y résident  n'attendent que d'être remarqués du roi, d'obtenir de lui des faveurs.

A partir de 1679, J-H. Mansart modifie le château dans une deuxième grande campagne de travaux. Il place notamment une grande galerie sur la terrasse de Le Vau, finalement peu commode pour la région.

Versailles, la galerie des Glaces

 A partir de 1701, la chambre du roi est placée au centre du château, le roi est au centre du monde, le soleil éclaire le monde de ses rayons. A partir de cet endroit, tout est ritualisé, du lever au coucher du roi en passant par les repas.

Versailles exerce une grande fascination sur l'ensemble de l'aristocratie en Europe car aucun ensemble (Palais, jardins et ville) n'exprime mieux le régime, le pouvoir du roi, monarque absolu de droit divin. L'architecture traduit ainsi à merveille le projet politique. De nombreux aristocrates et souverains vont par la suite copier l'architecture du château pour montrer leur pouvoir à travers la pierre et cela jusqu'au XIXe siècle, comme le château d'Herrenchiemsee construit par Louis II de Bavière.


jeudi 3 octobre 2013

Architecture et pouvoir XVIe-XVIIIe s


Comme nous l'avons évoqué en classe, la Renaissance est mouvement qui apparaît aux XVe et XVIe siècles. Elle se développe dans les grandes villes de la péninsule (Florence, Urbin, Rome et Venise). Elle se caractérise par une nouvelle vision de l'homme, placé au centre des préoccupations, et la redécouverte de l'Antiquité. C'est à partir de la Renaissance que se fonde l'Europe moderne avec une pensée rationaliste.

 Carte de la Renaissance en Europe



Au sein de ce mouvement, l'Humanisme met en valeur l'homme et revient sur les textes antiques. Ces derniers sont traduits en langues vernaculaires, comme la Bible. L'imprimerie, mise au point par Jean Gutenberg (un Allemand) vers 1455, permet de diffuser les textes et les idées des humanistes. 


Didier Erasme (1469-1536), surnommé le "Prince des humanistes", est sans doute le personnage qui symbolise le mieux ce mouvement intellectuel européen par ses multiples voyages (un programme d'échange d'étudiants européens porte aujourd'hui son nom).
 
Didier Erasme, par Holbein le jeune

Le XVIe siècle est ainsi un siècle de bouillonnement intellectuel, artistique, religieux, scientifique.

Dans le domaine de l'art, les changements sont nombreux. La mode n'est plus au "gothique" (bien qu'il se retrouve encore durant tout le XVIe siècle en France, comme le montre la flèche nord de la cathédrale de Chartres). Le mot "gothique" se retrouve sous la plume du premier historien de l'art, Giorgio Vasari (1511-1574) pour désigner la période qui précède cette Renaissance, où régnait un art barabare, en référence au sac de Rome par ce peuple.
En architecture, le précurseur de la Renaissance est Filippo Brunelleschi avec le Dôme de Sainte-Marie-des-Fleurs à Florence, érigé dans la première moitié du XVe siècle. 

 Le Duomo de Santa Maria del Fiore, Filippo Brunelleschi

La bible de l'architecture de la Renaissance est le traité de Vitruve De architectura rédigé au premier siècle avant J-C. qui définit notamment les ordres (dorique, ionique, corinthien et un peu le toscan) qui seront fondamentaux dans l'architecture occidentale, sans doute jusqu'au milieu du XXe siècle.

A cette époque l'artiste dispose d'un meilleur statut dans la société. Il est souvent protégé par des mécènes qui favorisent ainsi la création. François Ier attire de nombreux artistes italiens en France après les premières guerres d'Italie, comme Leonard de Vinci qui emmène avec lui la Joconde.

François Ier, roi de France (1515-1547), par Jean Clouet, Musée du Louvre



La venue des artistes italiens amène donc l'italianisme en France. Cette Renaissance française est influencée par l'Antiquité, mais aussi par la tradition nationale. C'est le cas du château de Chambord (voir billet sur la monarchie absolue), œuvre unique, ou encore de celui de Blois, dont l'escalier en vis est célèbre, mais aussi ceux de Bury (disparu), Azay-le-rideau ou Chenonceau (surnommé le château des Dames), pour le Val de Loire. En Ile-de-France, plusieurs châteaux adoptent également ces formes comme Fontainebleau, célèbre pour son décor.


 Château de Chenonceau

Cette architecture n'aurait pu voir le jour sans les princes et mécènes qui ont invité les artistes et architectes à œuvrer en proposant de nouvelles formes. Certes, l'architecte apporte son érudition, sa citation, mais le commanditaire a le dernier mot sur le projet.